Administration

Enjeux : c'est l’étape la plus exposée du circuit

Dernier maillon avant le patient => toute erreur non interceptée peut avoir un impact direct sur la sécurité du patient.

Elle mobilise principalement les infirmiers, aides-soignants et parfois le patient lui-même dans le cadre d’une auto-administration encadrée (programme PAAM).

Selon les analyses de la HAS, plus de 60 % des erreurs médicamenteuses surviennent lors de l’administration, souvent liées à des erreurs de dose, de voie, d’horaire ou d’identité du patient.

La certification, à travers les critères 2.2-05 et 2.2-06 fait de cette étape un indicateur majeur de la culture sécurité des soins.

L’objectif est de garantir l’administration selon la règle de 5 B, dans des conditions maîtrisées, tracées et validées.

AttentionPoints d’évaluation

Les experts-visiteurs peuvent évaluer :

  • la conformité de la pratique observée (vérification des 5B, traçabilité, hygiène, double contrôle) ;

  • la gestion des interruptions de tâche et de l’environnement d’administration ;

  • la traçabilité en temps réel dans le DPI ;

  • la capacité des équipes à signaler et analyser les événements liés à l’administration ;

  • la participation des soignants et cadres à la culture sécurité médicamenteuse.

Les preuves qui peuvent être recherchées : observations directes, entretiens avec les professionnels, audits de dossiers, procédures internes et fiches d’incident.

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FondamentalAttendus

Vérifications préalables systématiques : la règle des 5B

Avant toute administration, le professionnel doit s’assurer de :

  1. Bon patient → identification vérifiée selon les règles d’identitovigilance (bracelet, photo, dossier, verbalisation).

  2. Bon médicament → correspondance entre la prescription, le produit délivré et l’étiquetage.

  3. Bonne dose → vérification des calculs de dilution et posologie, respect des unités, double contrôle pour les médicaments à risque.

  4. Bonne voie d’administration → contrôle des compatibilités (orale, IV, IM, SC, locale, etc.).

  5. Bon moment → respect du rythme, de la séquence thérapeutique et de l’horaire prescrit.

Cette “règle des 5B”, complétée d’un 6èmeB : “BONNE TRACABILITE”, constitue le socle de la sécurisation de l’administration médicamenteuse.

Conditions de réalisation et d’environnement

La HAS insiste sur :

  • la préparation immédiate avant administration, pour éviter les erreurs de confusion ou de contamination ;

  • la maîtrise de l’environnement de travail : limitation des interruptions de tâche, environnement calme et sécurisé, matériel dédié (plateaux individualisés, chariots identifiés) ;

  • la vérification croisée entre deux professionnels pour les médicaments à risque majoré (morphiniques, insulines, chimiothérapies, anticoagulants, électrolytes concentrés etc.) ;

  • la gestion des incidents : tout écart ou doute doit suspendre l’administration jusqu’à clarification par le prescripteur ou le pharmacien.

FondamentalTraçabilité et documentation

La traçabilité est un élément évalué

  • L’administration doit être immédiatement enregistrée dans le dossier patient informatisé (DPI) ou sur le support d’administration unique.

  • Les informations qui doivent être renseignées : date, heure, médicament, dose, voie, lot (si requis), nom et signature de l’administrateur.

  • Tout refus, incident ou effet indésirable observé doit être signalé, tracé et, le cas échéant, déclaré dans le système de gestion des événements indésirables (EIG/EPR).

Attention

L’absence de traçabilité ou la retranscription manuelle non vérifiée constitue un écart majeur.

RappelSurveillance post-administration

L’administration s’accompagne d’une évaluation clinique et biologique adaptée :

  • surveillance des effets attendus et des effets indésirables ;

  • suivi des constantes et des signes de toxicité ;

  • réévaluation de la pertinence du traitement, notamment pour les médicaments sédatifs, antalgiques, antibiotiques et anticoagulants ;

  • réactivité face à tout signal d’alerte ou réaction inhabituelle.

Ces observations doivent être tracées dans le dossier de soins et, si nécessaire, discutées en équipe pour ajuster la prescription.

ComplémentAuto-administration encadrée (PAAM)

La certification valorise la promotion de l’auto-administration des médicaments par le patient lorsqu’elle est encadrée :

  • décision médicale préalable documentée ;

  • évaluation des capacités cognitives et de compréhension du patient ;

  • information et consentement du patient ;

  • suivi et réévaluation régulière pendant le séjour ;

  • traçabilité des prises dans le dossier infirmier.

Cette démarche renforce la participation active du patient à sa sécurité tout en favorisant son autonomie thérapeutique.

FondamentalFormation et culture sécurité

Les professionnels doivent :

  • être formés régulièrement aux bonnes pratiques d’administration, à l’identitovigilance, à la gestion des interruptions de tâche et aux médicaments à risque ;

  • participer à des audits cliniques ou EPP sur la conformité de l’administration et la traçabilité ;

  • s’impliquer dans les CREX et les retours d’expérience liés aux erreurs ou aux quasi-accidents d’administration.

L’administration médicamenteuse est un acte à haut risque mais hautement maîtrisable

La certification en fait un indicateur direct de la qualité et de la maturité de la culture sécurité d’un établissement.

En combinant rigueur technique, traçabilité, vigilance clinique et implication du patient, les équipes soignantes transforment cette étape critique en une garantie de fiabilité et de confiance pour la sécurité du parcours thérapeutique.

Pour en savoir plus sur l'étape d'administration : suivre le module de e-learning « les équipes respectent les bonnes pratiques d'administration »