Dispensation

Contrôle pharmaceutique = barrière de sécurité

La dispensation consiste à :

  • vérifier,

  • valider,

  • délivrer les traitements prescrits afin d’assurer la conformité de la prescription, la qualité pharmaceutique du produit et la sécurité de son administration au patient.

Cette étape est placée sous la responsabilité du pharmacien hospitalier.

C'est une barrière de sécurité entre la prescription médicale, la préparation puis l'administration dans l'unité de soin.

Dans le référentiel , les attendus sont principalement définis par le critère 2.2-03 (« Les équipes respectent les bonnes pratiques de dispensation des médicaments »), en lien avec le critère 2.2-06.

La dispensation vise à garantir que le médicament délivré est le bon produit, pour le bon patient, en bonne quantité, dans les bonnes conditions.

AttentionPoints d'évaluation

Les experts-visiteurs peuvent observer :

  • l’organisation de la PUI et la maîtrise du processus de dispensation ;

  • la qualité de l’analyse pharmaceutique, la traçabilité des interventions ;

  • la conformité du stockage et la gestion des produits sensibles ;

  • les dispositifs de contrôle (dispensation nominative, informatisation) ;

  • la gestion des retours de médicaments et la maîtrise du risque de réintroduction dans le circuit.

Les éléments recherchés : fiches de traçabilité, documentation qualité, observation sur le terrain, entretiens avec les pharmaciens et préparateurs PPH.

Attendus

Responsabilités et cadre organisationnel

  • La dispensation est réalisée sous l’autorité du pharmacien au sein de la pharmacie.

  • Les préparateurs en pharmacie hospitalière interviennent sous sa responsabilité et selon leur habilitation.

  • L’établissement doit disposer :

    • d’un manuel qualité pour le circuit des produits de santé, conforme aux bonnes pratiques de pharmacie hospitalière (BPPH) ;

    • de procédures écrites décrivant le processus de dispensation : réception, analyse, délivrance, contrôle, traçabilité, gestion des retours et destructions ;

    • d’un système d’assurance qualité intégrant la gestion des non-conformités et des risques.

Fondamental

Analyse et validation pharmaceutique AVANT toute délivrance

C'est un acte clinique obligatoire pour toute prescription :

  • Vérification de la cohérence thérapeutique : posologie, durée, contre-indications, interactions, redondances.

  • Vérification de la disponibilité et de la stabilité du médicament.

  • Alerte et concertation avec le prescripteur en cas d’anomalie ou d'incohérence.

  • Traçabilité de l’analyse et des interventions pharmaceutiques dans le dossier patient.

La collaboration entre médecins, pharmaciens et infirmiers est essentielle pour prévenir les erreurs d’indication, de dose ou d’association.

Information et implication du patient

Le patient doit être informé de ses traitements, notamment lors de modifications, introductions ou arrêts de médicaments.

Cette information, exigée par le critère 1.2-02, favorise la compréhension, l’adhésion thérapeutique et la réduction des erreurs liées à la méconnaissance du traitement.

Attention

L’absence de validation pharmaceutique avant la délivrance est considérée comme un écart dans la démarche de certification.

FondamentalDispensation nominative privilégiée

La dispensation nominative (DN) est la modalité de référence selon la HAS :

  • Chaque médicament est délivré au nom d’un patient identifié, pour une durée déterminée, selon la prescription validée.

  • Les médicaments à risque majoré font l’objet d’un contrôle renforcé (morphiniques, anticancéreux, électrolytes concentrés, etc.).

  • Les étapes de préparation, de contrôle et d’expédition doivent être tracées informatiquement (lot, date, opérateur, horaire).

  • Les systèmes automatisés de dispensation (armoires sécurisées, robots de dispensation) sont encouragés s’ils sont intégrés au dossier patient et garantissent la traçabilité.

La HAS valorise également la délivrance globale, lorsqu’elle est justifiée par des contraintes organisationnelles, à condition que les contrôles pharmaceutiques soient assurés et documentés.

RappelGestion et traçabilité des produits de santé

La sécurité passe par une traçabilité sans rupture de la chaîne d’approvisionnement :

  • Enregistrement systématique des entrées et sorties de médicaments.

  • Traçabilité dates de péremption, des numéros de lot/série pour les produits sensibles ou soumis à traçabilité obligatoire (médicaments dérivés du sang, dispositifs implantables, etc.).

  • Séparation physique des stocks selon leur statut (conformes, en quarantaine, périmés, retours).

  • Suivi des conditions de stockage : température, hygrométrie, hors poussières si stérile, sécurisation d’accès.

  • Procédures de rappel de lots et de destruction sécurisée en cas de non-conformité.

MéthodeFormation, coordination et culture de sécurité

Les équipes de pharmacie doivent être :

  • formées régulièrement à la sécurisation du circuit du médicament, aux nouveaux produits, aux alertes sanitaires, aux outils informatiques ;

  • impliquées dans les retours d’expérience : réunions qualité, analyses d’erreurs, CREX, suivi des indicateurs ;

  • associées à la démarche de coordination pluriprofessionnelle (pharmaciens, prescripteurs, IDE, cadres de santé) pour fluidifier la communication et prévenir les erreurs en aval de la dispensation.

La dispensation représente le contrôle pharmaceutique du circuit du médicament.

Les attendus HAS renforcent le rôle clinique du pharmacien et valorisent les organisations capables de démontrer une dispensation nominative, tracée et intégrée dans une culture de sécurité partagée.

La maîtrise de cette étape permet non seulement de prévenir les erreurs médicamenteuses, mais aussi de garantir la cohérence et la qualité de l’ensemble du parcours médicamenteux du patient.