Généralités sur la consommation d'antibiotiques
Consommation d'antibiotiques et antibiorésistance
Les dernières données de l’ANSM et de Santé Publique France montrent que la consommation des antibiotiques en France est toujours trop importante (la France se place au 4e rang des pays les plus consommateurs d’antibiotiques en Europe) et elle est accompagnée d’un mésusage qui favorise l’apparition de bactéries résistantes.
Résultat : l’efficacité des antibiotiques est menacée. La résistance aux antibiotiques est un phénomène qui existe depuis de longues années et qui se développe de façon préoccupante dans le monde, amenant l’Organisation mondiale de la santé à alerter sur cette situation en la qualifiant de « pandémie silencieuse » et de menace pour la santé humaine.
Cette perte d’efficacité des antibiotiques peut aboutir à des impasses thérapeutiques, c'est-à-dire qu’aucun antibiotique n’est efficace pour traiter des infections.
De nombreuses prescriptions d’antibiotiques demeurent inutiles ou inappropriées. Elles concourent à accroitre les fortes tensions d'approvisionnement existantes qui complexifient déjà les prises en charge.
Objectifs : Améliorer la qualité de prescription des antibiotiques (antibiothérapie prophylactique et curative) en établissement de santé et préserver leur efficacité
Promouvoir le bon usage des antibiotiques et lutter contre l’antibiorésistance
Développer la culture de la pertinence des prescriptions d’antibiotiques
Exemple : Quelques chiffres
Après une chute en 2020, les prescriptions d'antibiotiques affichent une hausse en 2021.
En 2023, la consommation globale d'antibiotiques était de 312 doses définies journalières (DDJ) pour 1000 journées d'hospitalisation soit en augmentation par rapport à 2022 (296 DDJ/1000 journées d'hospitalisation).
La part d’antibiotiques à large spectre s’élevait à 34,4 % en 2023. Cette valeur bien qu’inférieure à celle de 2022 (35,8 %), reste supérieure à celle de 2019 (33,5 %). Les antibiotiques les plus consommés étaient l'amoxicilline-acide clavulanique, amoxicilline, ceftriaxone, pipéracilline-tazobactam et métronidazole.
En 2023, la consommation de fluoroquinolones était de 24 DDJ/1 000 JH. Cette consommation était plus faible que les années précédentes.
Sur la période 2012 - 2021, les consommations de pipéracilline-tazobactam, céphalosporines de 3ème génération, carbapénèmes, linézolide et daptomycine ont progressé.
Malgré la chute de la consommation d'antibiotiques observée en 2020, la France restait le 4e pays le plus consommateur d'antibiotiques en Europe.
En établissement de santé en 2022, la proportion de résistance aux céphalosporines de 3e génération chez les souches de E. coli isolées d'infection invasive concerne 8,4 % des souches et la résistance aux fluoroquinolones est de 14,7 % des souches.
En 2020, la France se situait au 8e rang des pays avec la plus faible proportion de résistance aux fluoroquinolones et au 7e rang des pays avec la plus faible proportion de résistance aux céphalosporines de 3e génération.
En 2020, dans l'Union Européenne, plus de 800 000 infections à des bactéries résistantes aux antibiotiques ont été recensées dont environ 35 000 décès attribués à ces infections (European Centre for Disease Prevention and Control 2020)
D'après Review on Antimicriobial Resistance, les résistances bactériennes aux antibiotiques constitueront la première cause de mortalité mondiale (10 millions de morts attribuables chaque année), devant le cancer (8,2 millions) et le diabète (1,5 million) en 2050.
Complément : Pour aller plus loin
Complément : Données de surveillance et rapports
Rapport SPARES 2023 : consommation et résistance en établissements de santé
Rapport PRIMO 2023 : résistance en ville et en EHPAD
Synthèse Santé publique France 2024 : panorama de l’antibiorésistance avec des recommandations pour un usage raisonné des antibiotiques